Lorsque Patterson Riley a débarqué à Londres au plus fort des Swinging Sixties, il avait un objectif singulier en tête : devenir une rock star. Il n'a jamais vraiment réalisé son rêve, mais il a quand même fini par graver son nom sur la pierre de l'histoire du rock'n'roll, même si ce fut de façon détournée. En 1972, Patterson a ouvert The Great Frog, une minuscule bijouterie comme personne dans la capitale britannique n'en avait jamais vu. Les murs étaient noirs et menaçants, l'air était chargé de fumée et les pièces étaient faites à la main. De plus, ces bijoux bizarres étaient spécialement conçus pour les hommes.
Un pionnier du bijou homme rock et motard
« À l'époque, les bijoux pour hommes n'existaient pas, » explique Reino Lehtonen-Riley, le fils de Patterson, qui a hérité de l'entreprise de ses parents en 2002. Le surnom de Ringo Starr a été inspiré par sa bague qui n'était pas une alliance. À l'époque, pour les gens c'était fou. Mais les bagues tête de mort et les chaînes lourdes de Patterson ont immédiatement touché une corde sensible parmi les musiciens et leurs fans. The Great Frog s'est rapidement imposé comme le bijoutier de choix pour des générations de stars du rock, de Motörhead et Iron Maiden en passant par Iggy Pop, Metallica et Oasis.
Aujourd'hui, sous la direction attentive de Reino, chaque bijou homme The Great Frog est toujours conçu et fabriqué à la main. « Nous sommes une entreprise archaïque, » dit Reino en riant. « Mon père m'a appris le métier et j'y crois vraiment. Il a fallu beaucoup de travail pour acquérir ce savoir-faire, et c'est une compétence que peu de gens ont désormais. De nos jours, les gens peuvent simplement télécharger une image à partir d'un site web, l'imprimer en 3D à la maison et la lancer. Mais ce genre de bijou est totalement dénué d'âme. Les trucs que nous fabriquons ont un côté artisanal que vous ne pouvez pas reproduire. »
Une nouvelle boutique The Great Frok à SoHo (New York)
Lors de la conception de la nouvelle boutique new-yorkaise de Soho de The Great Frog, le deuxième point de vente de l'entreprise implanté à Manhattan, Reino s'est assuré d'incorporer beaucoup de ces touches personnelles émouvantes. « Tout ce que je fais doit se bonifier avec le temps, comme le vin, » dit-il. « Je veux que tout soit beau dans 40 ans quand je le transmettrai le magasin à mes enfants, je veux qu'il vieillisse comme une vieille veste en cuir ou un bon jean. »
Pour y parvenir, ils ont opté pour des armoires sur mesure construites à partir de bois massif issu de sources durables. Elles sont recouvertes d'une laque d'ébène qui se décolore et s'use avec le temps. Les poignées et serrures en argent sont faites à la main. Elles se terniront comme le bois qui les accueille. « Notre magasin londonien d'origine est chargé d'histoire et d'anecdotes, notamment lorsque Lemmy et Ozzy Osbourne ont franchi ses portes. Nous ne pouvons pas recréer ce sentiment exact à New York, mais je veux pouvoir écrire une nouvelle histoire qui pourra être racontée dans le futur. »
Désormais, les passionnés new-yorkais de motos à la recherche de bijoux pour motards ou de bracelets genre Johnny Halliday disposent d'une nouvelle adresse pour s'approvisionner.