La mode du nœud papillon qui ne cesse de monter en puissance en Europe et aux États-Unis donne des idées ailleurs. En Inde, Ankit Saboo a décidé de faire de l'une de ses passions son activité professionnelle.
En sa qualité d'homme qui aime être élégant, il n'est pas étonnant qu'Ankit Saboo se soit laissé séduire par les nœuds papillon. Durant ses voyages à l'étranger, il a remarqué que de plus en plus d'hommes les portent au travail, pour les sorties et même dans la vie de tous les jours. Comparé à la place du nœud papillon en Inde, il y avait un monde de différence. Dans son pays, on porte cette alternative à la cravate lorsqu'on s'habille de façon formelle, ou encore durant les événements. Cela fait des années qu'il collectionne les nœuds papillon. Ce qui était devenu un hobby est devenu il y a 4 ans une idée d'activité professionnelle.
Genèse
En 2009, Saboo rejoint l'entreprise familiale, Saboo Engineers, qui est spécialisée dans la fabrication et la vente de ciment et de machines qui traitent les matières premières. Néanmoins, il avait envie de créer quelque chose de plus personnel. « Au départ, j'ai fait beaucoup de recherche sur l'industrie agroalimentaire, mais il fallait une mise de départ très élevée. Avec ma société Indian Bow Tie Co., mes économies me permettaient de me lancer dans le grand bain. Mais au-delà de ce facteur, l'idée derrière la création de ma propre entreprise allait bien au-delà de l'aspect mercantile des choses. J'avais envie de faire quelque chose qui me procure une satisfaction personnelle, qui me permet d'assouvir ma passion pour la mode, » a-t-il déclaré.
En 2015, il a ainsi créé Indian Bow Tie Co. qui proposait au début une ligne de nœuds papillon en coton et en laine. Il a ensuite enrichi sa gamme de produits avec des boutons de manchettes. 12 magasins disséminés aux 4 coins de l'Inde vendent ses produits, notamment à Delhi, Mumbai, Calcutta, Goa, Ahmedabad ainsi que dans sa ville, Jodhpur.
Le choix du nœud papillon
Mis à part le fait que le nœud papillon permet de se démarquer, selon Saboo il y avait trop peu d'options pour les passionnés de nœud pap indiens. « On peut en trouver auprès de marques internationales comme Zara et Tom Ford, ils coûtent habituellement entre 40 et 70 euros et on ne les trouve que dans les grandes villes. J'ai des clients dans des coins très reculés d'Inde, de villes de province, qui achètent directement sur mon site Internet. » Il propose des prix beaucoup plus démocratiques : entre 15 et 30 euros. Mais aussi des designs originaux. Par exemple, il n'a pas hésité à recourir aux tissus locaux, les imprimés ikat et leurs motifs chamarrés, pour créer ses pièces. Il s'inspire également de ce qu'il se fait de mieux à l'étranger. Il offre notamment sa version d'un nœud papillon en bois qu'il a découvert dans la boutique Two Guys Bow Ties de New York. Depuis, le Moochwala, en forme de moustache, est devenu un best-seller.
Afin de garantir les prix les plus bas possible, il n'a que 2 employés à temps plein. Un couturier et un assistant qui se charge des commandes et de l'aspect administratif. Il dispose de contrats qui reversent des commissions à un charpentier et un forgeron. Il utilise les locaux de l'entreprise familiale pour les bureaux et l'entreposage de la marchandise. « Nous fabriquons d'un coup la production annuelle et nous la stockons. S'il y a des demandes spéciales, nous nous en chargeons sur base contractuelle. Par exemple, nous avons fabriqué des nœuds papillon sur mesure pour la marque de bière Simba. » Il s'agit donc d'une entreprise d'un seul homme ou presque : il se charge de la création des nœuds papillon, du développement et du marketing de l'entreprise lui-même.
Des débuts difficiles
Vu qu'il n'a pas de formation de designer, Saboo a passé 8 mois à perfectionner ses modèles, à développer sa gamme de produits et le packaging avant de mettre ses produits en vente. « Ce fut un processus de type essai et erreur. Après avoir expérimenté avec une petite quarantaine de modèles, nous avons trouvé la formule parfaite en termes de style, de tissus et de nœuds. »
Les 2 premières années furent les plus difficiles. « Je commençais à me décourager, car les ventes étaient faibles. J'ai alors réalisé que je devais donner de la visibilité à ses nœuds papillon, » a-t-il déclaré. En plus d'affirmer sa présence sur les réseaux sociaux, Saboo s'est mis à parcourir le pays pour se rendre dans des foires et sur les marchés. Une stratégie qui a payé. « Des 12 magasins qui vendent nos produits, la moitié a fait la démarche de venir vers nous, » a-t-il déclaré.
Une courbe d'apprentissage
Dans un pays chaud comme l'Inde, beaucoup d'hommes ne souhaitent pas porter de nœud papillon en été. « Nous avons tenté de montrer qu'il n'est pas obligatoire d'être en chemise costume pour porter un nœud papillon, on peut en mettre avec une simple chemise à manches courtes ou même un polo. »